Discours de Monsieur le Président de la République, Abdelaziz BOUTEFLIKA à l’occasion du 05 juillet 2017 55 ème anniversaire de la fête de l’Indépendance Nationale et de la Jeunesse.
Bismillah Errahmane Errahim,
Mesdames, Messieurs,
C’est avec plaisir que je m’adresse à vous à l’occasion de la 55ème célébration de la Fête nationale de l’Indépendance et de la Jeunesse.
Cette célébration est un moment de recueillement chargé de respect, à la mémoire des glorieux martyrs de la Révolution du 1er Novembre 1954 qui a restauré notre souveraineté nationale. Elle est aussi l’occasion de redire notre reconnaissance à nos vaillants moudjahidine et moudjahidate, pour leur combat et leurs sacrifices qui ont abouti à la libération de la Patrie. Cette célébration est également un moment de communion nationale autour de notre glorieux passé.
Mesdames, Messieurs,
En associant depuis 55 ans, la célébration de la Fête nationale de l’Indépendance à celle de la Jeunesse, l’Algérie a, d’emblée, affirmé la nécessité de consolider la libération par l’édification nationale, assignant notamment cette oeuvre à sa jeunesse porteuse de ses espérances.
Ce choix reflète l’âme d’une vieille Nation qui a su, chaque fois à travers les millénaires, dépasser les tragédies et les vicissitudes de l’Histoire et poursuivre ainsi la réalisation de son destin de dignité et de grandeur.
De fait, le peuple algérien a démontré, à travers les siècles, sa résistance farouche à tout envahisseur qu’il a chaque fois réussi à défaire, à l’image de la colonisation française évacuée à l’issue de 132 années de martyres et de souffrances, mais aussi de résistances et d’une ultime Révolution libératrice saluée à travers le Monde.
A travers l’évocation de notre passé dramatique à la suite de l’invasion française, nous exerçons notre devoir de mémoire envers nos ancêtres dont des millions sont tombés en résistants, des centaines de milliers d’autres ont été emprisonnés ou déportés, alors que des millions d’Algériens ont été dépossédés de leurs terres et de leurs biens. Nous exerçons aussi notre devoir de mémoire envers notre peuple qui a sacrifié un million et demi de ses enfants pour le recouvrement de son indépendance et de sa souveraineté nationale.
De tels rappels ne sont porteurs d’aucune haine, même si notre peuple exige toujours une reconnaissance de ses souffrances de la part du colonisateur d’hier, la France, avec laquelle l’Algérie a engagé la construction d’un partenariat d’exception qui se doit d’être mutuellement bénéfique, un partenariat qui gagnera en sérénité et en élan dans une reconnaissance des vérités de l’Histoire.
La préservation de la mémoire nationale est aussi destinée à nos générations montantes, car elle constituera toujours, pour elles, un ressourcement précieux de leur patriotisme face aux défis et aux épreuves, ainsi qu’un motif de fierté nationale pérenne.
C’est dans cette vision que nous avons sanctuarisé, dans la Constitution, l’Hymne national et l’Emblème national. C’est dans cette même vision que la Constitution fait notamment devoir à l’Etat de garantir le respect des symboles de la Révolution, ainsi que de la mémoire des chouhada et de la dignité des moudjahidine. C’est dans cette même vision également que notre Loi fondamentale confie à l’Etat la responsabilité de veiller à la promotion de l’Histoire et de son enseignement aux jeunes générations.
Mesdames, Messieurs,
Les commémorations nationales sont aussi des occasions propices à l’évaluation du chemin parcouru par le pays, et la Fête nationale de l’Indépendance et de la Jeunesse offre pour cela un moment privilégié. Nos compatriotes témoigneront combien l’Algérie d’aujourd’hui est différente de celle qui a recouvré son indépendance voilà 55 ans, avec ses milliers de villages détruits, ses millions de réfugiés et de déracinés, ses centaines de milliers d’orphelins et de veuves de la guerre, ainsi que ses nombreuses ruines fumantes léguées par la barbarie terroriste de l’Organisation armée secrète.
Ils témoigneront aussi des efforts incommensurables qu’il a fallu à notre jeune Etat indépendant durant ses premières années, pour assurer la scolarisation de ses enfants et la relance d’une économie limitée, et pour alléger les affres du dénuement dont souffraient alors des millions de familles algériennes.
Nos compatriotes se remémorent aussi la belle aventure du développement entamée voilà quatre décennies, marquée notamment par une industrialisation prometteuse, un renouveau de l’agriculture, et une propagation de l’enseignement à tous les niveaux et à travers tout le pays. Cette étape, portée par une fierté nationale, et notamment une fierté de la jeunesse mobilisée, s’est accompagnée et nourrie du recouvrement de la souveraineté nationale sur les richesses naturelles du pays, des terres agricoles aux mines et aux hydrocarbures.
Ce parcours réellement prometteur aurait fait de l’Algérie un pays déjà émergent, s’il n’avait été contrarié par une érosion graduelle de notre souveraineté économique, puis par une Tragédie nationale qui a consumé des dizaines de milliers de victimes et qui était porteuse de graves périls pour la survie de la Patrie.
Avec l’aide de Dieu, notre grand peuple a puisé dans les enseignements de sa Sainte Religion ainsi que dans les ressources de sa glorieuse Histoire, pour se libérer de cette douloureuse et dangereuse épreuve, et s’atteler de nouveau à la reconstruction nationale.
Depuis dix-huit années, j’ai le grand honneur de guider vos pas, fort de votre confiance, et nous avons rebâti ce qui a été détruit et construit davantage encore. Nous avons fait avancer le pays dans tous les domaines.
Ce sont là des œuvres que nous avons réalisées ensemble, mes chers compatriotes, et je me contenterai donc ici d’illustrer mon propos par quelques brefs rappels.
Ces dix-huit dernières années ont vu l’économie connaître une sérieuse progression, illustrée par un produit intérieur brut qui a été multiplié par cinq.
Cette relance économique, appuyée par l’intervention sociale de l’Etat, a permis la création de millions d’emplois de diverses natures, divisant ainsi par trois le fardeau du chômage qui atteignait 30 % au début de ce siècle.
Durant la même période, la population a bénéficié de plus de 3 millions cinq cent mille logements livrés, ce qui a largement satisfait la demande, alors que près d’un million d’autres unités sont en cours de réalisation.
L’université a, quant à elle, fait un véritable bond en avant, étendant son réseau d’infrastructures à toutes les wilayas, avec une population estudiantine qui s’oriente vers les deux millions d’étudiants à très brève échéance.
Ce mouvement accompagne d’ailleurs celui de l’éducation dont les effectifs dépassent déjà les huit millions d’élèves alors que la scolarisation des enfants âgés de six ans approche les 100 %.
En matière sociale, la même période a vu le salaire minimum garanti multiplié par trois, en parallèle avec une appréciable progression du revenu de toutes les catégories professionnelles, alors qu’une puissante politique de justice sociale et de solidarité nationale a contribué à faire reculer fortement le seuil de pauvreté dans le pays.
C’est toute cette dynamique de progrès substantiels et accélérés qui est contrariée depuis trois années, par les effets de la crise économique mondiale et de son impact sur le marché mondial des hydrocarbures. Les revenus extérieurs de l’Etat ont été divisés par près de trois entre 2008 et aujourd’hui, provoquant ainsi une forte pression sur la dépense publique, laquelle demeure le moteur essentiel de l’économie nationale et de la modernisation infrastructurelle du pays.
Dans le même temps, une conjoncture lourde de tensions persiste dans notre sous-région, avec une présence préoccupante de foyers de terrorisme et de réseaux de narcotrafiquants, interpellant notre vigilance permanente pour la préservation de l’intégrité de notre territoire et pour la sécurité de notre peuple.
Ce sont là autant de défis que relève notre pays et qui méritent d’être évoqués en cette journée commémorative.
Mesdames, Messieurs,
Au plan politique, cette année a été marquée par l’élection, il y a peu de temps, d’une nouvelle assemblée populaire nationale qui, avec le nouveau Gouvernement, aura à poursuivre la mise en œuvre des importantes évolutions consignées dans la Constitution révisée, en matière de consolidation de la démocratie pluraliste, de renforcement de l’Etat de droit, et de promotion continue des droits de l’Homme et des libertés dans tous les domaines.
Dans ce contexte, l’année en cours connaîtra aussi la mise en place du Conseil supérieur de la Jeunesse qui permettra aux représentants de nos jeunes générations de cristalliser ensemble leur vision sur les différents chantiers ouverts par le pays. Il en sera de même également avec le Conseil national économique et social rénové qui servira de cadre à un dialogue permanent entre le Gouvernement et ses partenaires économiques et sociaux, au moment où le pays doit relever d’importants défis économiques et financiers.
Mesdames, Messieurs,
Concernant la préservation de l’intégrité de notre territoire et de la sécurité de nos citoyens et de leurs biens, je voudrais, en votre nom à tous, rendre un vibrant hommage mérité à l’Armée Nationale Populaire, digne héritière de l’Armée de Libération Nationale, pour le courage, le professionnalisme, et le sens du sacrifice par lesquels elle a réussi à prendre largement le dessus sur les derniers groupuscules terroristes qui sévissent à travers notre vaste pays, avec le concours des différents services de sécurité.
A cette occasion, je m’incline à la mémoire de nos enfants, chouhada du devoir national, tombés ces derniers mois, dans les rangs de l’Armée Nationale Populaire et des Services de sécurité, au cours du noble combat qu’ils livrent à l’hydre abjecte du terrorisme.
Nous saluons aussi les efforts et l’efficacité de nos Forces armées et de nos services de sécurité largement déployés le long de nos frontières, pour préserver l’intégrité du territoire de toute tentative d’infiltration criminelle, de quelque nature qu’elle soit, une vigilance qui accompagne les efforts de notre diplomatie pour hâter la restauration de la paix, de l’unité et de la réconciliation, au Mali et en Libye, frères et voisins.
Mesdames, Messieurs,
Dans le domaine économique, notre pays est confronté à un sévère recul de ses revenus extérieurs et à une dégradation de sa balance des paiements extérieurs, même s’il garde encore intacte sa souveraineté de décision économique et sociale, grâce aux réserves de change qu’elle a accumulées mais qui s’érodent déjà.
Devant cette situation qui interpelle chacun de nous, et en cette occasion commémorative de nos lourds sacrifices pour le recouvrement de notre indépendance, je renouvelle mon appel à notre vaillant peuple à s’atteler davantage à l’effort, et à mettre en œuvre souverainement, les réformes économiques nécessaires.
L’Algérie ne manque ni de ressources ni d’atouts, loin s’en faut, qu’il s’agisse de l’agriculture, du tourisme, du potentiel industriel ou des ressources énergétiques fossiles et renouvelables. L’Algérie dispose aussi d’une jeunesse instruite et d’un marché national important.
Toutes ces ressources et ces atouts doivent être valorisés davantage grâce à une réhabilitation de la valeur du travail, à l’amélioration de l’environnement de l’activité économique, et à la concrétisation diligente de l’ensemble des réformes nécessaires.
Le Gouvernement est mobilisé autour de ces différentes tâches requises pour accélérer le développement économique national ainsi que la diversification de nos exportations.
Il reste que cet engagement doit être partagé par chacun, dès lors que l’enjeu en est notre avenir national ainsi que le devenir de nos générations montantes.
Mesdames, Messieurs,
L’Algérie a connu il y a 55 ans, l’aboutissement d’une grandiose Révolution ayant permis la restauration de notre souveraineté nationale, une Révolution dont l’impact est encore salué dans de très nombreuses contrées du Monde.
Plus proche de nous, vous avez su, mes chers compatriotes, préserver la Patrie de l’effondrement total, au milieu d’une véritable Tragédie nationale, et vous avez su surmonter cette épreuve grâce à la Réconciliation nationale, que le Monde prend aujourd’hui comme référence, face à la propagation du terrorisme et des drames nombreux qu’il génère.
Ce sont là autant de repères de tout ce que le Peuple algérien est capable de relever comme défis et de réaliser comme miracle chaque fois que l’appel de la Patrie l’interpelle.
C’est de cet appel de la Patrie que je me fais ici le relais, envers chacun de vous, envers notamment notre Jeunesse, pour poursuivre fructueusement et sans à coup, l’œuvre de reconstruction que nous avons entreprise ensemble depuis près de deux décennies.
J’accompagne cet appel de mes vœux personnels, à chacun et à chacune de vous, pour davantage de bonheur et de santé, dans une Algérie toujours plus prospère